Curcuma : bienfaits et vertus sur la santé

En cuisine, le curcuma peut être utilisé comme aromate mais il entre également dans la composition du curry, dont il est même l’ingrédient majeur, et est responsable de sa couleur jaune. Le curcuma est aussi utilisé comme colorant dans de nombreux produits alimentaires où il prend le nom de E100.

Concernant la médecine, le composé principal du curcuma est la curcumine, il s’agit d’un composé de la famille des polyphénols qui aurait de nombreuses vertus pour la santé : anti-inflammatoire, anti-cancéreux, antioxydant, aide à la digestion, prévention des maladies cardiovasculaires… À tel point qu’il est considéré comme un « alicament », contraction des mots aliment et médicament, ou un « aliment fonctionnel », à savoir un composé présentant des avantages potentiels pour la santé.

 

LES PROPRIÉTÉS DU CURCUMA

Nombre de produits alimentaires et cosmétiques à base de curcuma fleurissent sur les étagères des pharmacies, parapharmacies ou grandes surfaces. Entre mai 2016 et mars 2021, ce sont plus de 1600 références contenant du curcuma ou de la curcumine qui ont été recensées sur le marché français ! Cette véritable explosion témoigne d’un intérêt croissant pour cette plante. 

De nombreuses études s’intéressent à l’effet bénéfique de la curcumine sur la santé, pour des aspects tels que le cancer, les maladies cardiovasculaires, le cholestérol sanguin, la capacité antioxydante, les propriétés anti-inflammatoires... Il existe un grand nombre d’utilisations possibles. Mais comment peut-on prendre soin de sa santé avec le curcuma ? Quelle est son efficacité ?

Propriétés anti-inflammatoires

Des études chez le rat ont montré que la curcumine était capable d’interagir avec de nombreuses cibles responsables du processus de l’inflammation. Cette caractéristique fait donc de la curcumine un agent thérapeutique potentiel pour le traitement de maladies inflammatoires.

Les propriétés anti-inflammatoires de la curcumine ont notamment été étudiées dans le cadre du traitement de l’arthrose, l’arthrite et de la polyarthrite rhumatoïde. En 2016, une étude américaine et sud-coréenne a comparé l’efficacité dans le traitement de douleurs liées à l’arthrite d’un traitement à base de curcumine (à raison de 100 à 2000mg par jour, pendant 42 jours à 4 mois, selon les patients) par rapport à un traitement anti-inflammatoire médicamenteux « classique ». L’étude a montré qu’il n’existait pas de différence d’efficacité entre le traitement classique de la douleur et le traitement à base de curcumine. Cependant, les effectifs de patients de cette étude étaient relativement faibles ce qui ne permettait pas de tirer de conclusion définitive mais les résultats demeuraient encourageants.

 

Propriétés antioxydantes

Des réactions d’oxydation se produisent naturellement dans le corps humain et sont nécessaires à la dégradation et à la fabrication de nombreuses substances. En parallèle, le corps humain produit et utilise des antioxydants tels que les vitamines C et E pour contrer les effets néfastes des réactions d’oxydation. Lorsqu’il existe un déséquilibre entre les capacités antioxydantes des cellules et les réactions d’oxydation, ces dernières vont causer des dommages aux cellules : c’est le  stress oxydant (ou stress oxydatif).

La curcumine, contenue dans le curcuma, est un antioxydant exceptionnel qui a longtemps été utilisé comme conservateur alimentaire naturel. Elle permettrait ainsi de lutter contre le stress oxydant et protègerait donc les cellules d’un vieillissement précoce.

 

Propriétés anti-cancéreuses

Dans des études in vitro, réalisées sur des cultures cellulaires, la curcumine a montré une capacité à empêcher la prolifération de plusieurs types de cellules cancéreuses.

Malheureusement, les études ayant cherché à montrer une efficacité du curcuma dans le cadre du traitement et de la prévention de cancers chez l’Homme n’ont pas su mettre en avant de résultat formel allant dans ce sens. Ainsi, aucune activité anti-cancéreuse n’a été démontrée chez l’Homme et ce bienfait reste expérimental et demandera de plus amples recherches, bien qu’il s’agisse d’un aspect prometteur. 

 

Le curcuma et la digestion

Le Curcuma longa est utilisé traditionnellement dans la médecine ayurvédique pour le traitement des troubles digestifs. Ses bienfaits ont été approuvés par l’Agence Européenne du Médicament (EMA) dans le cadre du traitement de problèmes légers de digestion, tels que la sensation de plénitude, la digestion lente ou les flatulences. Cette reconnaissance des vertus du curcuma ne s’appuie pas sur une démonstration scientifique par le biais d’études cliniques mais sur de l’empirisme. En effet, l’EMA considère que l’efficacité de ces médicaments à base de plantes est plausible puisqu’ils sont utilisés en médecine traditionnelle depuis plusieurs siècles et qu’il existe des preuves qu'ils ont été utilisés de cette manière en toute sécurité pendant au moins 30 ans, dont au moins 15 ans au sein de l’Union européenne.

L’efficacité de produits à base de curcuma sur la production et la sécrétion de bile a été affirmée via de nombreuses études réalisées chez l’animal mais sa démonstration n’a pas été faite chez l’Homme.

 

Le curcuma est-il bon pour le foie ?

La curcumine, grâce à ses propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes, a un effet hépatoprotecteur. Elle agit par des mécanismes complexes concourant à la suppression de médiateurs pro-inflammatoires et de produits de peroxydation lipidique, qui sont des lipides altérés par le stress oxydant. 

D’après une étude iranienne de 2018, la curcumine, utilisée comme complément alimentaire, jouerait un rôle  protecteur contre l'apparition de maladies du foie. Son utilisation par des personnes atteintes de maladies hépatiques doit cependant être encadrée par un médecin.

Il semblerait donc que la consommation de curcuma soit bonne pour le foie.

 

Le curcuma et les maladies cardiovasculaires

Les maladies cardiovasculaires représentent chaque année près de 31% de la mortalité mondiale, ce qui en fait donc la principale cause de mortalité dans le monde. De nombreuses études ont suggéré que la curcumine exerce un rôle protecteur dans le corps humain, alors que ses actions dans les maladies cardiaques restent mal comprises.

Chez l’animal, la consommation de curcumine a été associée à des effets protecteurs dans plusieurs maladies cardiovasculaires comme l’arythmie ou encore l’ischémie du cœur. Cependant, les résultats sont contradictoires et le rôle de la curcumine dans le cadre d’une potentielle protection cardiovasculaire n’est pas assuré.

 

Curcuma : bon pour la peau

En 2016, une méta-analyse, étude qui regroupe les résultats de plusieurs autres études, a mis en avant que la consommation de curcumine permettrait une amélioration significative de l’état de la peau de patients atteints d’acné, d’alopécie, de dermatite atopique, de vieillissement cutané, de psoriasis, de vitiligo et de démangeaisons cutanées. Ainsi, il existe des preuves que la curcumine a des propriétés bénéfiquespour la peau, que ce soit en usage topique (appliqué sur la peau) ou par voie orale.

Son mode d’action est pourtant méconnu et des études plus approfondies permettront sans doute d’en déterminer l’efficacité exacte.

 

CONSOMMER LE CURCUMA

Quelle quantité de curcuma doit-on consommer ?

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) recommande une dose journalière maximale de 3 mg de curcumine par kilogramme. Pour un adulte de 70kg, cette dose journalière maximale est donc de 210mg. 

Les produits sur le marché apportent en moyenne 1 à 3g de rhizome sec par jour ou 500mg à 1g de curcumine par jour. 

 

Améliorer l’assimilation du curcuma

L’inconvénient majeur du curcuma est qu’il est peu biodisponible : seule une faible fraction de la dose ingérée sera effectivement absorbée par l’organisme. Il est possible d’augmenter cette assimilation en associant le curcuma à d’autres substances.

 

Avec le thé vert

Les catéchines présentes dans le thé vert peuvent améliorer la biodisponibilité de la curcumine. Celui signifie que celle-ci sera mieux assimilée par l’organisme lorsqu’elle est consommée avec du thé vert.

 

Avec le poivre noir

La curcumine est également mieux assimilée (jusqu’à 1,54 fois !) par l’organisme lors de son association  avec le poivre noir, notamment avec la pipérine contenue dans ce dernier. 

 

Peut-on boire un thé au curcuma le soir ?

Le thé contient de la théine. Il est important de noter que la théine et la caféine sont en réalité la même molécule. Toutes deux stimulent  l’état de veille et diminuent la sensation de fatigue. Leurs effets sont cependant plus ou moins marqués selon la sensibilité de chacun. Il n’existe donc pas de règle  universelle quant à la consommation de thé le soir. 

En cas de difficulté à s’endormir après la consommation de thé, il est possible de se tourner vers des tisanes ou bien vers du thé rooibos, qui ne contiennent pas de caféine et qui n’interfèreront donc pas avec votre sommeil.

 

Peut-on consommer du curcuma tous les jours ?  

Il est tout à fait possible de consommer quotidiennement du curcuma mais il faut veiller à consommer au maximum la quantité recommandée de curcumine soit 3mg/kg par jour. La consommation de curcuma chez l’Homme se situe généralement dans une fourchette de 0,2g à 0,6g par jour. 

Il peut être délicat de contrôler sa consommation de curcumine puisqu’elle est présente dans de nombreux aliments en tant que colorant, conservateur ou épice. Certaines associations, avec le thé ou le poivre noir comme vu précédemment, peuvent améliorer son absorption et donc majorer le risque de dépasser la quantité maximale recommandée.

Une consommation trop élevée peut entraîner des effets indésirables tels que des brûlures d’estomac, une sécheresse buccale ou encore des flatulences. Un surdosage, se traduisant par une consommation très élevée de curcuma, pourra également être à l’origine de nausées ou de vomissements voire présenter un véritable danger pour la santé. 

La consommation de curcuma à fortes doses est particulièrement déconseillée chez les personnes souffrant d’ulcère de l’estomac ou du duodénum, pour lesquelles il risque d’augmenter l’irritation et donc d’être néfaste. En cas d’obstruction des voies biliaires ou de maladie du foie, il est contre-indiqué d’utiliser cette plante sans avis médical préalable.

 

QUI PEUT CONSOMMER LE CURCUMA ?

Que ce soit pendant la grossesse ou pendant l’allaitement, l’Agence européenne du médicament (EMA) déconseille d’utiliser des compléments à base de curcuma. L’usage alimentaire reste cependant autorisé. De même, l’EMA déconseille l’usage du curcuma chez les personnes âgées « de moins de dix-huit ans. Ces mises en garde sont dues à l’absence d’étude de l’effet du curcuma chez la femme enceinte et allaitante ainsi que chez l’enfant : l’utilisation du curcuma ne serait pas forcément néfaste pour ces personnes mais, en l’absence de données certaines, elle est contre-indiquée par prudence. 

 

Peut-on consommer du curcuma avec des traitements médicamenteux ?

Les produits à base de curcuma pourraient potentiellement interagir avec certains médicaments. 

C’est le cas avec les médicaments fluidifiants du sang, comme la WARFARINE (COUMADINE) ou le CLOPIDOGREL, dont l’élimination serait diminuée par la prise de curcuma. Ces médicaments pourraient donc se trouver en plus grande quantité et pour un temps plus long dans le sang des patients. Cependant, l’étude chinoise qui a mis en avant cette interaction a montré que cette augmentation n’avait pas d’effet significatif sur l’effet anticoagulant et anti-agrégant plaquettaire de la WARFARINE et du CLOPIDOGREL.

De même, la curcumine pourrait avoir un effet sur la vitesse d’élimination ou l’absorption par l’organisme de nombreux anti-cancéreux comme le PACLITAXEL, le DOCETAXEL, l’EVEROLIMUS, le TACROLIMUS... Dans certains cas cette vitesse d’élimination peut être augmentée, dans d’autres elle pourra être augmentée. Cela est dépendant du médicament utilisé. Ces interactions surviennent du fait que certains médicaments sont pris en charge par des enzymes de l’organisme bien spécifiques, qui sont elles-mêmes influencées par le curcuma. 

Les produits contenant du curcuma pourraient théoriquement interagir avec davantage de classes de médicaments comme certains médicaments du système cardiovasculaire (LOSARTAN, ROSUVASTATINE, CELIPROLOL), certains antidépresseurs (FLUOXÉTINE), antihistaminiques (LORATADINE), antibiotiques (NORFLOXACINE)…

Si vous prenez un médicament dans le cadre d’un traitement chronique, votre médecin ou votre pharmacien sera à même de vous conseiller.

 

Peut-on consommer du curcuma si on utilise déjà d’autres plantes ?

De la même manière qu’avec les médicaments, le curcuma peut avoir des interactions avec différentes plantes ; autant celles-ci peuvent s’avérer positives, comme dans le cas du poivre qui améliorera l’assimilation du curcuma, autant elles peuvent s’avérer dangereuses. C’est notamment le cas avec les plantes qui ont des propriétés anticoagulantes comme l’ail, le gingembre, le ginkgo, le ginseng… Le curcuma pourra majorer l’effet de ces plantes et être à l’origine d'effets indésirables.